CONTEXTEINTRODUCTION
Vaches, cochons, chèvres, brebis, poules, vignes, olives, fruits et légumes… La ferme de la Bertine est un beau modèle de polyculture-élevage à petite échelle. Installés depuis une trentaine d'années, Stephen et Anne-Marie sont partis d'une ferme en ruine inexploitée depuis la seconde guerre mondiale pour mettre en place une production diversifiée adaptée à l'espace existant. Ils ont ainsi réinvesti les lieux au plus proche de l'activité d'avant-guerre et exploré un maximum de savoir-faire traditionnels pour atteindre un système quasi autonome où seuls les surplus sont destinés à la vente.
Dans leur recherche d'autonomie et d'apprentissage permanant, Anne-Marie et Stephen ont testé différentes méthodes d'autoconstruction et de bricole, réalisant un maximum de leurs équipements eux-même, au fil de leurs besoins. Leurs réalisations s'étendent ainsi des simples outils de cuisine à de plus grosses réalisations : serres en écailles de verre, trieur à pois chiche, décortiqueuse à épeautre, décavaillonneuse, abreuvoirs, vitrine de marché, séchoir. Et l'innovation n'ayant pas de limites chaque nouveau projet laisse place à de nouvelles techniques, comme l'illustrent les trois hangars autocontruits : le 1er en charpente métallique, les deux autres en bois et tuiles et, dernier chantier en route, un 3e hangar en briques alvéolaires et plancher en billes d'argile.
Voici un petit aperçu de ce foisonnement de bonnes idées pour faire le plein d'inspiration…
Historique
Stephen et Anne-Marie ont fait les même études : un bac agricole puis un BTS en protection de la nature. Ils travaillent trois ans avant de s'installer à la ferme, lui à l'INRA comme entomologiste, et Anne-Marie comme animatrice nature.
C'est à Saint Maime (04), il y a une trentaine d'années qu'ils trouvent un corps de ferme en ruine à restaurer pour s'y installer. La ferme, construite en 1850, est restée abandonnée depuis la seconde guerre mondiale, la dernière famille de paysans ayant quitté les lieux en 1939. Stephen et Anne-
Marie vont la restaurer en utilisant des techniques et matériaux traditionnels afin de conserver l’authenticité du lieu. Pendant la période d'avant-guerre, le corps de ferme initiale avait été agrandi de 30 m2 à chaque génération, permettant une lecture temporelle au niveau des éléments constituant les différentes pièces, visible notamment par la diversité des carrelages. Chaque partie du bâtiment correspond donc à une époque différente. Pour continuer sur cette ligne temporelle, Stephen et Anne-Marie ont fait à leur tour un ajout de 30 m2 au bâtiment d'habitation. Seuls les greniers ont été modifiés et transformés en gîtes, ce qui a poussé Stephen à construire de nouveaux hangars pour le stockage.
Lors de la reprise de l'exploitation, ils font également le choix de conserver une production agricole proche de l'activité d'avant-guerre, et de s'adapter à l'espace existant : une bergerie pour 30 brebis, un cochonnier pour un cochon, une petite étable pour 4 vaches, une petite chèvrerie pour 20 chèvres. En parallèle, vignes, oliviers et arbres fruitiers sont plantés et une activité de maraîchage est relancée. Stephen et Anne-Marie mettent ainsi en place un système très diversifié et quasi- autonome, avec de nombreux ateliers à petite échelle.
Autodidactes, leur apprentissage agricole se fait avec les vieux paysans du coin. A leur début Anne- Marie et Stephen passent beaucoup de temps avec les ancien-nes et s'essayent à de nombreuses techniques dans le but d'acquérir tout les savoir-faire possibles importants : fauchage à la faux, travail de la laine, vannerie, distillerie, etc. Ils explorent ainsi tout ce qu'ils peuvent du monde rural avec la volonté de faire perdurer les savoirs paysans traditionnels, allant jusqu'à retaper un vieil alambic pour mettre en œuvre leur statu de bouilleur de cru. Aujourd'hui, Stephen et Anne-Marue délèguent volontiers certaines de leurs activités, et apprécient de voir de nombreux jeunes s'installer dans la région et voir qu'un nouvel élan a été impulsé.
Nature de l'exploitation et des surfaces
- 60aine ha, majoritairement en location verbale, 12aine ha labourables en propriété, le reste est constitué de petits morceaux de collines qui avaient été abandonnés et ont été remis en culture par Stephen. Celui-ci a également aménagé des espaces tampons (haies, chemins, etc.) sur 12 ha. Sur chaque lopin remis en culture Stephen a pris le temps de faire des observations pour y mettre les cultures les plus adaptées en fonction de l'ensoleillement, des courbes de terrain, etc. La production est certifiée bio chez Nature & Progrès.
- Très peu d'intrants extérieurs, utilisation du fumier et broyat composté (issu de l'entretien des haies), le broyat est également utilisé pour la chaudière (en autonomie)
- Gestion des troupeaux : autonomie alimentaire des bêtes, seuls intrants extérieurs : gros sel, argile verte et huiles essentielles
- Réflexion sur la production d'énergie pour passer à l'énergie renouvelable mais pas encore trouvé de solution qui leur convient : éoliennes pas adaptées au lieu et pas convaincus par le photovoltaïque
- Production très variée : fromages de chèvre, brebis, vache, jus de fruit, vin, huile d'olive, charcuterie + atelier de transformation et traiteur bio mis en place par leur fille depuis peu.
- Répartition du travail : Anne-Marie, Stephen et Lionel un employé à l'année s'occupe de gérer la ferme + Camille et Olivier qui ont démarré une activité de traiteur bio avec les produits de la ferme
Commercialisation
Vente directe sur les marchés, dans un magasin de producteur à Forcalquier et à la ferme.
Clef de détermination
- Recherche d'une autonomie maximale
- Tout est produit et transformé sur place, écoulement des surplus en vente directe
- Adaptation au lieu initial : conservation d'une activité très diversifiée à petite échelle - Volonté d'explorer le monde rural et faire perdurer les savoir-faire traditionnels.
La ferme de la Bertine regorge d'astuces et de bricoles pensées et réalisées par Stephen et Anne-Marie au fil des saisons, des productions et de leurs besoins. Voici un pot-pourri des bonnes idées glanées sur place.
Entre autres : Fromagerie et cuisine, décavaillonneuse, trieuse pois chiches et décortiqueuse épeautre, vitrine à fromage, séchoir ...
BATIMENTS AUCONSTRUITS
2 Abri pour le tracteur et stockage
Besoin initial : Après avoir transformé les anciennes granges en gite. La ferme nécessitait un nouveau lieu pour le travail. Ce bâtiment est le premier réalisé par Stephan sur la ferme.
Conception : Autoconception totale des espaces. En général tout le plans des bâtiments ont été fait par Stephan.
Superficie : Environ 60 m²
Choix de conception : le hangar est construit adossé au gite et dans la continuité de ce dernier.
Choix constructifs :
- Charpentes métalliques posées sur des poteaux en parpaing avec âme en béton armé.
- Pannes intermédiaires et panne faîtière en métal.
- Panne sablière et chevrons en bois.
- Toiture en tuiles.
3 Hangar agricole en bois et poteaux téléphoniques :
Coût : Tous les matériaux ont été récupérés, sauf une partie des tuiles pour le toit qui ont été acheté.
Pour cette raison pour les charpentes on retrouve des essences de bois très diverses et mélangées (pin sylvestre, douglas, pin noir, peuplier etc.)
Besoin initial : un lieu de dépôt pour les outils et le stockage du bois.
Conception : Autoconception totale de l'espace.
Superficie : 120 m² (6 m x 20 m)
Choix de conception : Conçu en deux parties pour suivre la pente, ce bâtiment est construit en bordure du terrain disponible. Cette disposition empêche une possible agrandissement future, mais le choix de Stephan était d'avoir un bâtiment directement accessible depuis le chemin qui traverse les terrains de la ferme. Cette disposition a déterminé le positionnement des autres deux hangars construit successivement.
Choix constructifs :
- Fermes traditionnelles en bois appuyées sur des poteaux.
- Les poteaux de la première ferme sont en pierre, les autres sont en béton préfabriqué.
- La liaison entre les différents éléments de la charpente est assurée par des profilées métalliques et par des platines.
- Des vieux poteaux téléphoniques sont réemployés comme pannes.
- Pour la structure du toit suivent des chevrons et des liteaux en bois.
- Toiture en tuiles
- Bardage vertical en dosses et contre-dosses de bois.
Si c'était à refaire :
- Stephen n'aurait pas fait le premier poteau en pierre, malgré le fait qu'il soit beau à voir, il résulte un peu dangereux à l'angle du bâtiment où il passe souvent avec le tracteur. En effet, moins résistent que le béton, ce poteau en assemblage de pierres pourrait facilement tomber pour un coup d'un outil avec des conséquences qu'on peut imaginer. ( Une âme en béton, préalablement coulé dans le poteau, aurait pu le rendre plus résistent.)
- Le bois pour la charpente est resté trop longtemps dehors aux intempéries ; les conséquences ne sont pas dramatiques (certains liteaux sont déformés), mais Stephan aurait préféré les protéger plus avant le montage.
- L'assemblage poinçon – panne faîtière :
la panne faîtière est simplement posée (peut être cloué) sur le poinçon. Le bâtiment est en place depuis des années et dans ce cas particulier il y a jamais eux des soucis pour la structure. En effet, le toit en tuile (très lourd) pousse vers le bas la panne qui reste en place. En outre les chevrons, vissés sur toutes les pannes, assurent la stabilité de la structure.
Malgré ce coup de chance, on ne peut pas considérer cela comme un bon assemblage.
Pour une charpente traditionnelle une solution pourrait être un poinçon avec épi de faîtage ou un assemblage moisé ou encore, pour simplifier, mettre deux pannes faîtières avec des échatignoles (comme pour le bâtiment en grume de bois).
Ces travaux de recensement bÈnÈficient du soutien financier de líEurope et du RÈseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le DÈveloppement Rural coordonnÈe par líAtelier Paysan sur "Líinnovation par les Usages, un moteur pour líagroÈcologie et les dynamiques rurales" (2015-2018), dont la FNCUMA, la FADEAR, líInterAFOCG, AgroParisTech et le CIRAD sont partenaires.POUR ALLER PLUS LOIN
- Le site de Camille et Olivier, paysans cuisiniers chocolatiers
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