Il y a très peu d’auto-construction « d’outils », cependant leurs bâtis le sont, et ont été entièrement pensés dans une logique d’ergonomie. L’idée principale est d’améliorer les conditions de travail et de limiter au maximum les charges lourdes qui détruisent la santé d’énormément d’agriculteur·rices. Selon Marie-Eve, le fait d’avoir deux femmes sur l’exploitation nécessite d’adapter la ferme aux contraintes physiques que cela soulève. Ainsi, tous les bâtiments ont été rapprochés au maximum. La bergerie est au même endroit que la traite, et la fromagerie y est directement accolée afin de relier le lait issu de la traite au processus de transformation directement via des tuyaux. Des cochons se situent aux abords de la fromagerie afin de leur acheminer directement via des tuyaux et une pompe le lactosérum excédent de leur production. Avoir construit leurs bâtiments a permis aux paysan·nes de s’endetter très peu, et donc d’avoir une exploitation rentable assez rapidement. Ils ont d’ailleurs insisté plusieurs fois sur ce point, et ne regrettent pas leur choix, au demeurant conforté par l’observation de nombreux autres éleveurs en difficulté financière très forte. Par ailleurs, la majorité de leur matériel est mis en commun avec d’autres paysan·nes locaux, à la seule exception de leur tracteur qui appartient à leur CUMAContexte
Les 110 brebis de la ferme « Lait Berbis » permettent à Marie-Eve TAILLECOURS et son mari Ludovic JOSSE, ainsi que depuis 2018 à Rachel PEDRON de produire du lait, puis de le transformer totalement afin de le revendre uniquement en circuit court (vente directe, commandes internet, magasins locaux, et marchés). La ferme a été reprise en 2010, et a nécessité de transformer le précédent élevage de vaches laitières. Les associé·es emploient également un·e salarié·e à temps plein, ainsi qu’un·e autre salarié·e lors des périodes chargées.
Bergerie
L’exploitant précédent utilisait le bâtiment de la bergerie comme stabulation, pour un troupeau d’une quarantaine de vaches.
Aujourd’hui, le bâti sert de bergerie, avec comme point central l’idée de se passer d’aire d’attente. Pour les éleveurs, ces aires sont des corvées à entretenir, et une compacité des zones de passage des brebis est plus que souhaitable.
Ainsi, la bergerie est séparée en deux, de chaque côté d’un circuit dans lequel la traite est centrale.
Afin de passer de la traite à la deuxième zone de bergerie, les brebis passent par un pont pivotant. Celui-ci permet de garder un passage accessible par tracteur, car l’endroit est un passage obligé pour accéder aux prairies.
Le pont est entièrement auto-construit, et peut se mouvoir sans grand effort grâce aux roulettes.
Le quai étant surélevé afin de gagner en ergonomie, le pont doit quant à lui être en pente pour remettre les brebis au niveau du sol après la traite. Toujours dans une optique de compacité, mais cette fois-ci pour diminuer les allées et venues des éleveurs, la fromagerie est située non loin du lieu de traite (cf. plan de la ferme). Le lait est directement envoyé dans la fromagerie via des pompes.
Fromagerie
Leur fromagerie est entièrement auto-construit, principalement en panneau sandwich, et fait 10x10m.
La pièce principale sert de salle de fabrication. Le lait arrive donc directement depuis la salle de traite dans un tank à lait. Ils y produisent de la Tomme, par un compresseur servant à la fois à la traite et pour la Tomme. Un pasteurisateur leur sert à produire du yaourt. Leurs tables d’égouttage sont fabriquées par une entreprise locale. Le lactosérum produit sert à engraisser les cochons situés non-loin de la fromagerie. Celui-ci est envoyé dans leurs auges via des pompes pour éviter une nouvelle fois les corvées.
Depuis peu, ils y ont installé une yaourterie, une pièce chaude et régulée. Un ventilateur répartit la chaleur dans la pièce.
La cave leur sert à saler, à affiner leurs tommes, leurs camemberts. Cependant, l’endroit n’est pas assez humide et ils perdent 150 à 200g par tomme lorsque celle-ci sèchent, et cherchent une solution pour humidifier la pièce.
Ces travaux de recensement bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usage·R·E·s, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2018-2021).
